par Dany Drouin | 2 / 5 / 2023 | Non classé
La fibromyalgie est encore mal diagnostiquée, certains le sont alors qu’ils ne sont pas atteints de la pathologie et d’autres mettent des années avant d’entendre un médecin prononcer ce mot pour parler des douleurs chroniques diffuses qui leur gâchent la vie.
La fibromyalgie n’est pas une maladie grave ou mortelle. Elle n’entraîne pas de complications de santé majeures. Toutefois, celle-ci peut être pénible et invalidante pour les personnes en souffrent : les douleurs sont chroniques, mais ont tendance à s’atténuer sur le long terme.
Les symptômes vont des troubles cognitifs, aux troubles de l’humeur, troubles du sommeil en passant aussi par les troubles digestifs. De nombreux patients rapportent également une fatigue plus ou moins importante qui, dans certains cas graves, mène au diagnostic du syndrome de fatigue chronique, une autre pathologie caractérisée par une asthénie invalidante.
Relativement handicapant, le syndrome fibromyalgique peut induire un handicap psychique important : dépression, anxiété, trouble de l’humeur… qui vont limiter les activités quotidiennes et professionnelles (arrêts-maladies à répétition).
Le diagnostic de la fibromylagie est établi grâce à un examen clinique approfondi se basant principalement sur l’exclusion d’autres pistes. En effet, avant de poser un diagnostic de fibromyalgie, les médecins vont procéder à des analyses biologiques ou à des examens précis afin d’éliminer toute autre pathologie. Quand on ne trouve rien et que les douleurs persistent, alors, on finit par parler de fibromyalgie.
Peut-on prévenir la maladie ?
À ce jour, on ne connait pas véritablement les causes de la maladie. Il est donc difficile de prévenir la fibromyalgie. Néanmoins, il est recommandé d’être attentif et d’avoir une bonne hygiène de vie :
- Limitez les périodes de stress, puisque les symptômes augmentent avec le stress ;
- Ayez un sommeil régulier ;
- Limitez les situations à risques, notamment pour éviter les maladies virales ;
- Faites des étirements et des exercices ;
- Posez des compresses chaudes sur les points douloureux ;
- Pratiquez des massages.
Aux origines de la maladie
Certains disent que la fibromyalgie est un « diagnostic à la mode » ou encore une « maladie imaginaire ». En réalité ce syndrome n’est pas de nouveau, il existe depuis des siècles, c’est simplement son nom qui a changé aux fils du temps. Nombreuses personnes aujourd’hui âgées ont reçu au cours de leur vie un diagnostic de rhumatisme alors qu’elles souffraient en réalité de fibromyalgie.
Le nom de la maladie est apparu pour la première fois en 1904 lors d’une conférence donnée par Sir William Gowers, un célèbre neurologue et pédiatre anglais. Le thème était le lumbago, ce mal de dos caractérisé par des douleurs intenses au niveau du dos et d’un blocage. Une pathologie confondue avec la fibromyalgie, que le Dr Gowers a évoqué sous le nom de « fibrositis ». « Fibro » signifiant « tissu conjonctif » et « itis », inflammation. Son hypothèse était que ces patients souffraient d’une inflammation des tissus.
De la fibrosite à la fibromyalgie
S’en sont suivi de nombreuses recherches tentant de mettre en lumière l’inflammation à l’origine de ces douleurs chroniques. Dans les années 30, la médecine commence à s’intéresser aux points sensibles, que l’on appelle aujourd’hui « points gâchettes » ou « trigger points ». Les douleurs musculaires sont alors reconnues et suspectées d’être causées par un dysfonctionnement du système nerveux. On parle alors plus communément de “syndromes douloureux myofasciaux“.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les médecins s’aperçoivent que de nombreux soldats se plaignent de douleurs récalcitrantes alors qu’ils ne montrent aussi signes d’inflammation. Ils parlent alors de « fibrosite » et s’aperçoivent également que ces douleurs sont associées à une anxiété et à la dépression. Une étude suggère que la « fibrosite » est en réalité lié à un « état psychonévrotique chronique ».
Aujourd’hui, on parle plutôt d’un état de stress post-traumatique. Il a été prouvé que les soldats qui revenaient de la guerre en souffraient. Le lien entre traumatisme et fibromyalgie a donc été évoqué depuis longtemps. Des études récentes ont montré que les personnes ayant été victimes de violences sexuelles, qui présentent donc un état de stress post-traumatique, sont plus susceptibles de souffrir de fibromyalgie.
Naissance de la fibromyalgie moderne
En 1968, le chercheur Eugene F. Traut réalise la première description complète de la pathologie telle que nous la connaissons aujourd’hui, identifiant les caractéristiques suivantes : des douleurs et raideurs généralisées, une prédominance féminine, un épuisement, des maux de têtes, colites, troubles du sommeil, une anxiété et un lien important entre le corps et le psychisme.
Quatre ans plus tard, le chercheur Hugh A. Smythe a écrit un chapitre entier d’un manuel concernant la fibromyalgie. On l’appelle d’ailleurs « le grand-père de la fibromyalgie moderne ». C’est le premier à décrire ce syndrome comme une affection à part entière.
Le chercheur a aussi réalisé des électroencéphalogrammes pour étudier le sommeil des patients touchés par le syndrome. Il s’est aperçu que ces patients avaient un dysfonctionnement du sommei l de stade 3 et 4, c’est-à-dire un sommeil non réparateur, des traumatismes et une détresse émotionnelle. D’autres recherches ont d’ailleurs démontré qu’un manque de sommeil pouvait déclencher des symptômes fibromyalgiques chez les personnes qui n’étaient jusqu’à lors pas concernées.
A la fin des années 1990, le syndrome de fibromyalgie s’est transformé en fibromyalgie dans le même temps que de nombreuses recherches ont été menées sur le sujet. Aujourd’hui un nouveau terme est désormais également utilisé pour parler de la fibromyalgie : le syndrome de sensibilité centrale. Il reste encore de nombreuses choses à découvrir sur cette maladie qui déconcerte toujours encore beaucoup les médecins et fait souffrir les patients sans que des solutions vraiment efficaces ne leur soit apportées.
Sources
Fibromyalgie (2020)
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/os-et-muscles/fibromyalgie-ce-que-la-science-sait-de-ce-syndrome_148222
par Dany Drouin | 23 / 2 / 2023 | Non classé
par Dany Drouin | 21 / 12 / 2022 | Non classé
Les chercheurs d’une nouvelle étude ont découvert des altérations des bactéries intestinales et des acides biliaires sanguins chez les femmes atteintes de fibromyalgie, liées à la gravité de leurs symptômes, et ont décelé une signature biologique apte à faciliter le diagnostic de la maladie.
Montréal, le 12 juillet 2022 – La fibromyalgie, un syndrome qui provoque des douleurs, de la fatigue et des troubles cognitifs, touche jusqu’à quatre pour cent de la population, principalement les femmes. Cette maladie peu comprise demeure sans traitement et difficile à diagnostiquer. Toutefois, les travaux d’une équipe de scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), de l’Université McGill, de l’Université de Montréal et de l’Institute for Pain Medicine du Rambam Health Care Campus, à Haïfa, en Israël, permettent d’entrevoir un espoir nouveau.
L’équipe, première à démontrer en 2019 que la fibromyalgie était associée à des altérations du microbiome intestinal, vient de franchir un pas important vers une meilleure compréhension du lien entre les bactéries intestinales et le syndrome. Dans une nouvelle étude, elle fournit les premières preuves que les personnes atteintes de fibromyalgie affichent des différences de quantités et d’espèces de bactéries intestinales métabolisant la bile et de concentrations d’acides biliaires dans le sang, comparativement aux personnes en bonne santé. Elle démontre également que certaines de ces différences sont corrélées à la gravité des symptômes. Ces résultats, publiés dans la revue scientifique PAIN, pourraient mener au développement d’outils diagnostiques et thérapeutiques pour les personnes souffrant de fibromyalgie.
Une signature caractérisée par sa composition singulière d’acides biliaires
Sécrétés par le foie, les acides biliaires humains aident l’organisme à digérer les huiles et les graisses, mais ils remplissent en outre plusieurs fonctions biologiques dans d’autres systèmes du corps. Une fois métabolisés dans l’intestin, les acides biliaires sont réacheminés vers le foie et le sang et deviennent des acides biliaires secondaires.
Lors de cette étude, qui comparait 42 femmes en bonne santé à 42 femmes atteintes de fibromyalgie, les scientifiques ont constaté que les bactéries métabolisant la bile les plus présentes dans l’intestin n’étaient pas identiques dans les deux groupes. De plus, chez les femmes atteintes de fibromyalgie, la concentration sérique d’acides biliaires secondaires présentait des altérations considérables.
« L’altération des acides biliaires observée dans notre étude chez les patientes souffrant de fibromyalgie est suffisamment distincte pour servir de signature biologique efficace à détecter la présence du syndrome. Il s’agit d’une avancée importante, puisque diagnostiquer la fibromyalgie est un procédé souvent laborieux qui exige d’écarter d’autres maladies pouvant causer des symptômes semblables », explique le Dr Amir Minerbi, co-premier auteur de l’étude, qui est passé de l’Unité de gestion de la douleur Alan-Edwards du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à l’Institute for Pain Medicine de Rambam, au cours de l’étude.
À l’aide de l’intelligence artificielle, l’équipe a aussi découvert que la présence de six acides biliaires secondaires particuliers suffisait à déterminer avec plus de 90 % de précision si une participante à l’étude était atteinte de fibromyalgie.
« Grâce à l’apprentissage automatique et statistique, nous avons pu identifier quelles bactéries intestinales varient en abondance et quels acides biliaires humains sont des facteurs importants de la maladie », explique Emmanuel Gonzalez, Ph. D., co-premier auteur de l’étude, du Centre canadien de génomique computationnelle et du Département de génétique humaine de l’Université McGill. « Ces méthodes ont permis d’obtenir une signature biologique fiable de la fibromyalgie. Et bien que notre cohorte d’étude soit relativement petite, ces résultats indiquent que l’intelligence artificielle pourrait arriver à améliorer considérablement le diagnostic de cette maladie. »
Altérations associées à la gravité des symptômes
Les scientifiques ont prélevé chez les participantes des échantillons de selles pour analyser les bactéries du microbiome et des échantillons de sang pour analyser les acides biliaires. Afin d’évaluer si une corrélation existait entre les altérations biochimiques observées et la gravité des symptômes, on a demandé aux participantes atteintes de fibromyalgie de remplir des questionnaires mesurant leur douleur, leur fatigue, leur qualité de sommeil et leurs problèmes cognitifs et somatiques. Celles-ci ont également détaillé leur forme physique, leurs difficultés au travail, leur fatigue matinale, leur rigidité musculaire et leurs symptômes d’anxiété et de dépression.
Les chercheurs ont observé qu’un acide biliaire secondaire, appelé acide α-muricholique (α-MCA), était en moyenne cinq fois moins présent chez les patientes atteintes de fibromyalgie que chez les participantes en bonne santé. Ils ont constaté que cette différence était négativement associée à la plupart des symptômes du syndrome, notamment la douleur, la fatigue, le sommeil non réparateur et les troubles cognitifs.
« Si ces résultats sont confirmés par de prochaines études, un nouveau mécanisme potentiel pourrait être exploré, impliquant un acide biliaire secondaire précis qui influence la douleur chronique », déclare l’auteur principal de l’étude, le Dr Yoram Shir, de l’Unité de gestion de la douleur Alan-Edwards du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
S’appuyant sur les technologies de séquençage de l’ADN et sur l’intelligence artificielle, l’équipe a cherché des correspondances entre les concentrations sériques d’acides biliaires et diverses variables cliniques. Les analyses ont confirmé qu’au moins quelques-unes des différences observées dans la composition du microbiome des patientes et dans les bactéries métabolisant la bile étaient vraisemblablement attribuables à la fibromyalgie, et non à d’autres facteurs individuels ou environnementaux.
« Par exemple, les personnes atteintes de fibromyalgie souffrent fréquemment du syndrome du côlon irritable et de troubles dépressifs, mais nous avons pu démontrer que les altérations des acides biliaires associées à la fibromyalgie n’étaient pas corrélées à ces pathologies », explique Emmanuel Gonzalez, expert en bio-informatique.
L’alimentation étant un facteur qui agit sur la composition du microbiome intestinal, les scientifiques ont également mené des analyses sur les habitudes nutritionnelles de chaque participante. Aucune corrélation n’a été observée entre les aliments consommés et les symptômes.
Premier constat associant les altérations du système biliaire à la douleur chronique
À l’instar de la précédente étude de l’équipe, qui reliait la fibromyalgie au microbiome intestinal (publiée dans PAIN en 2019), cette nouvelle étude est le fruit du Projet fibromyalgie-microbiome, mené entre 2017 et 2018 à l’Unité de gestion de la douleur Alan-Edwards du CUSM et à la Clinique de rhumatologie du West Island, à Montréal, au Canada. Malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19, l’équipe, composée de spécialistes en recherche clinique, en nutrition humaine, en biologie environnementale et en bio-informatique, a réussi à poursuivre son travail collaboratif. En moins de trois ans, elle est arrivée à publier cette nouvelle étude qui établit la première association significative entre les concentrations sanguines d’acides biliaires et la douleur chronique.
« Nos résultats révèlent une forte relation entre la composition du microbiome des patientes, les acides biliaires et la gravité des symptômes de la fibromyalgie. Il est primordial d’arriver à comprendre le mécanisme biologique de la fibromyalgie, car cela démontre qu’il s’agit d’une maladie réelle, et cela nous rapproche de la conception d’un traitement efficace pour soulager les femmes et les hommes qui en souffrent », déclare le Dr Shir.
par Dany Drouin | 5 / 10 / 2022 | Non classé
Analyser sa douleur, élaborer des stratégies pour l’affronter et vivre avec, c’est ce que proposent des psychothérapies, dont les thérapies comportementales et cognitives (TCC). Voici sur quoi elles reposent.
De nombreux facteurs sont susceptibles de créer, d’entretenir, d’amplifier une douleur : le stress, les tensions musculaires, l’inactivité, la dépression, l’insomnie… Les identifier est essentiel.
Dédramatiser
Le catastrophisme et la peur entretiennent la douleur chronique. « Depuis que j’ai mal ma vie est fichue » ou « Je ne m’en sortirai jamais », sont des pensées toxiques aggravées par des croyances du type : « Si la douleur persiste, c’est qu’une maladie grave évolue ». Ce qui le plus souvent est faux.
Accepter
Cela ne signifie pas se résigner mais plutôt qu’en acceptant, pour l’instant, d’être diminué, contrarié ou fatigué, on va mettre en place des stratégies.
Rester actif
La peur du mouvement, ou kinésiophobie, est très fréquemment rencontrée chez les patients souffrant de lombalgie chronique, par exemple. Mais moins ils bougent, plus ils ont mal.
Miser sur le groupe
« Le groupe crée une véritable dynamique thérapeutique, souligne le Dr Bredeau, du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Nîmes. Il permet aux patients de relativiser leurs souffrances et leur donne aussi l’envie de s’en sortir ensemble. Les résultats sont spectaculaires : 100 % des participants reprennent leur travail, 80 % pratiquent une activité physique, 80 % considèrent que leur douleur a diminué ».
https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/trucs-et-astuces/5-conseils-de-psy-pour-apprivoiser-la-douleur
par Dany Drouin | 10 / 8 / 2022 | Non classé
Il n’existe pour le moment aucun outil pour diagnostiquer directement la fibromyalgie. Des chercheurs montréalais pensent avoir trouvé la solution à ce problème : une signature bactérienne gastro-intestinale. Un traitement pourrait même être envisagé.
MATHIEU PERREAULTLA PRESSE
CÔLON IRRITABLE
L’auteur principal de l’étude publiée en juillet dans la revue Pain, Yoram Shir, du Centre universitaire de santé McGill, travaille depuis une douzaine d’années sur les liens entre le microbiote, les microbes gastro-intestinaux, et la fibromyalgie. « Je traite des patientes depuis 30 ans et je suis peiné de voir qu’on n’a toujours pas d’outils diagnostiques directs et encore moins de traitements, dit le Dr Shir. L’idée m’est venue en constatant que beaucoup d’études montraient un lien entre le microbiote et le syndrome du côlon irritable (SCI). Beaucoup de patients avec la fibromyalgie ont aussi le SCI. On sait aussi que le degré de douleur avec la fibromyalgie change beaucoup avec la météo, et que les bactéries du microbiote aussi. Et l’importance du microbiote dans le système hormonal et dans la transmission des signaux nerveux est de plus en plus évidente. » Une première étude du Dr Shir en 2019 a montré que la fibromyalgie est liée à des changements du microbiote et, cette fois, il a trouvé une signature potentielle de la fibromyalgie dans le microbiote.
LES ACIDES BILIAIRES
Il s’agit de molécules sécrétées par le foie qui digèrent les graisses. « Dans l’intestin, il y a des acides biliaires secondaires qui ont des fonctions neuromodulatrices, de transmission nerveuse, dit le Dr Shir. Ce sont ces acides biliaires secondaires qui pourraient être une signature diagnostique pour la fibromyalgie. » Une étude irlandaise a établi pour sa part l’an dernier que les acides biliaires jouent un rôle dans le SCI. « On savait que trop d’acides biliaires mènent à la diarrhée et pas assez à la constipation, deux formes du SCI », explique l’auteure principale de l’étude publiée dans Frontiers of Endocrinology, Dervla O’Malley, du Collège universitaire de Cork. « Mais il semble qu’il y a aussi un rôle distinct des acides biliaires dans la douleur du SCI. »
L’A B C DE LA FIBROMYALGIE
L’existence même de la fibromyalgie a longtemps été mise en doute. « Quand j’ai commencé en médecine, souvent on disait que c’était dans la tête des patientes », explique le Dr Shir. On parle souvent de patientes parce que les femmes sont de 30 % à 50 % plus à risque que les hommes, selon une étude britannique publiée en 2020 dans la revue Pain. Il s’agit de douleurs musculaires ou aux articulations inexplicables par d’autres maladies, par exemple l’arthrite. La prévalence de cette maladie difficile à diagnostiquer est mal connue, allant de 1 % à 6 % de la population selon l’étude de Pain.
AXE VENTRE-CERVEAU
Ces recherches font partie d’un domaine de plus en plus actif de la médecine, l’« axe ventre-cerveau » (gut brain axis). Au cœur de la théorie voulant que les intestins et le cerveau soient liés, on retrouve l’inflammation et les bactéries : certaines bactéries provoquent de l’inflammation, qui se transmet au cerveau. La dépression est une maladie de prédilection pour les spécialistes de l’axe ventre-cerveau, notamment parce que 95 % de la sérotonine produite dans le corps l’est par des bactéries gastro-intestinales. Ce messager chimique du système nerveux, cible de nombreux antidépresseurs, contribue en effet aux mouvements de la digestion. L’un des hauts lieux de la recherche sur l’axe ventre-cerveau est justement au Collège universitaire de Cork où travaille Mme O’Malley, plus précisément au Centre pharmabiotique universitaire APC Microbiome.
UN BÉMOL
Une seule autre étude a associé des changements du microbiote et la fibromyalgie. « Nous avons fait une étude préliminaire, puis le financement a manqué », explique Marc Clos-Garcia, auteur principal de l’étude publiée en 2019 dans la revue EBioMedicine. « C’est satisfaisant de voir que nos résultats sont répliqués à Montréal, avec plus de force statistique. Mais je crois qu’il est encore prématuré de conclure que des changements dans le microbiote ont un effet causal sur la fibromyalgie. Il ne s’agit encore que d’une association. »
RÉGIME
Le Dr Shir veut lancer un essai clinique de modification de diète. « L’idée serait de faire un changement important, éviter totalement la viande par exemple. Les changements alimentaires plus subtils sont très difficiles à étudier, parce qu’il est très difficile de contrôler exactement ce que les patients mangent. Dans notre étude récente, par exemple, il n’y avait pas de différence de microbiote ni de douleur avec les différentes habitudes alimentaires. »
LES DÉMANGEAISONS
Une communication dans un congrès scientifique a récemment établi un lien entre les démangeaisons et les acides biliaires, selon le Dr Shir. « Les démangeaisons sont un domaine très peu étudié de la douleur. Et pourtant c’est une partie très importante de la jaunisse et d’autres hépatites. Je pense qu’il y a là matière à beaucoup de découvertes fertiles. »
1 %
Proportion de la population canadienne âgée de 12 à 44 ans qui souffre de fibromyalgie
2,8 %
Proportion de la population canadienne âgée de plus de 65 ans qui souffre de fibromyalgie
2,7 %
Proportion de la population canadienne âgée de 45 à 64 ans qui souffre de fibromyalgie
SOURCE : STATISTIQUE CANADA
par Dany Drouin | 12 / 7 / 2022 | Non classé
Le suivi médical vous aide à mieux comprendre la fibromyalgie et à vivre avec votre maladie. Adopter quelques changements dans votre mode de vie est aussi essentiel pour améliorer votre quotidien.
FIBROMYALGIE : ÊTRE ACTEUR DE SON SUIVI MÉDICAL
Votre médecin traitant, ou l’équipe médicale qui assure votre prise en charge, vous aide à mieux vivre avec sa fibromyalgie et fixe le rythme de votre suivi médical. Il vous apprend à :
- gérer vos symptômes, en particulier les douleurs musculaires, articulaires, tendineuses ou neurologiques ainsi que la fatigue ;
- prendre conscience de la nécessité de reprendre une activité physique et de la poursuivre, en l’adaptant à votre mode de vie personnel et professionnel.
Afin que le suivi médical soit le plus bénéfique possible, demandez des informations aux médecins. Bien comprendre votre maladie et son traitement vous permet en effet de mieux maîtriser les douleurs, la fatigue et les autres troubles.
Concernant votre suivi médical, il est indispensable de :
- suivre le rythme des consultations ;
- suivre au mieux le programme de ré-entrainement à l’effort. Si vous n’y parvenez pas, informez-en votre médecin traitant ;
- noter les changements constatés. Ces observations sont une aide précieuse aux médecins afin de décider des adaptations thérapeutiques ;
- demander un accompagnement, des conseils et un soutien si vous en ressentez le besoin.
Par rapport au traitement médicamenteux de la fibromyalgie, il est essentiel de :
- respecter scrupuleusement les prescriptions de médicaments ;
- ne pas modifier ou ne jamais arrêter votre traitement sans avis médical ;
- signaler tout effet indésirable du traitement ;
- demander conseil à votre pharmacien avant de prendre un autre médicament (automédication). Des interactions médicamenteuses ou des contre-indications d’association sont possibles.
FIBROMYALGIE ET VIE AU QUOTIDIEN
En changeant de mode de vie et en prenant soin de vous, vous ressentez moins la fatigue, et les douleurs sont atténuées.
Revenir progressivement à la vie active pour diminuer les douleurs de la fibromyalgie
Afin de retrouver une activité normale, la pratique progressive et régulière d’une activité physique est bénéfique, surtout lorsqu’elle est pratiquée en plein air.
Des activités comme le cyclisme, la marche et la natation sont à privilégier en cas de fibromyalgie. Un programme d’exercices d’intensité progressive établi par le médecin vous aide à fixer des objectifs.
Il est essentiel de ne pas dépasser vos limites de tolérance. Pour ce faire, il est conseillé :
- d’alterner chaque jour des périodes calmes avec des périodes actives ;
- d’augmenter progressivement les périodes d’activités, surtout les jours où vous vous sentez mieux ;
- de ne pas pratiquer d’activités trop difficiles, qui pourraient déclencher ou aggraver les symptômes.
Apprendre à bien dormir pour diminuer la fatigue de la fibromyalgie
Une bonne qualité de repos est bénéfique en cas de fibromyalgie. Pour améliorer votre sommeil, il est conseillé :
- d’adopter des horaires réguliers (coucher et lever à la même heure, chaque jour) ;
- d’essayer de vous relaxer avant d’aller vous coucher ;
- de tenter d’installer une routine avant de vous coucher, comme prendre un bain, boire une boisson chaude, etc. ;
- de supprimer la consommation de caféine et les stimulants comme la nicotine ;
- de ne prendre pas un repas lourd le soir et de ne pas boire d’alcool avant de vous coucher ;
- de vérifier que la chambre est à bonne température, calme et sombre.
Pratiquer des méthodes de relaxation
Les méthodes de relaxation permettent de diminuer le stress, facteur aggravant de la fibromyalgie. Les pratiques de type mouvement méditatif (yoga, tai-chi, qi gong, etc.) semblent avoir un effet positif sur le sommeil, la fatigue et la qualité de vie.
Essayez de les mettre en pratique chaque jour pour en ressentir les bienfaits. Pour favoriser l’endormissement, par exemple, il est possible de faire quelques mouvements avant de se coucher.
Les pratiques de relaxation purement méditatives ont un faible effet positif sur la qualité de vie et la douleur.
FIBROMYALGIE ET VIE PROFESSIONNELLE
En cas de fibromyalgie, il est important de parler à son médecin traitant de son activité professionnelle et de lui demander si sa poursuite est possible, avec ou sans aménagements.
Si le médecin traitant prescrit un arrêt de travail, le retour progressif en entreprise peut contribuer à votre rétablissement. Il prescrit alors une reprise à temps partiel pour motif thérapeutique (sur une période limitée).
Il peut aussi vous orienter vers le médecin du travail pour une visite de pré-reprise. Celle-ci permet d’évaluer votre aptitude au poste de travail occupé et de vous proposer des mesures adaptées, si nécessaire.
Un retour en entreprise après plus de 30 jours d’absence nécessite une visite de reprise auprès du médecin du travail. Elle est obligatoire dans un délai de 8 jours. Ce rendez-vous permet d’évaluer votre aptitude au poste occupé.
Le soutien dans l’entourage et auprès des associations
Pour mieux vivre avec un syndrome fibromyalgique, il est essentiel de conserver des liens avec son entourage : famille, amis, collègues de travail, coéquipiers sportifs, etc. Par ailleurs, des associations de patients sont à l’écoute et peuvent vous apporter des informations intéressantes sur la fibromyalgie :